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L'interprète grec
21 août 2012

La Grande Interview : Andrew Scott

Auteur : 
Date : 08 juin 2011
Source : Official London Theatre

 

Le plus gros rôle de sa carrière sur les planches et deux projets télévisuels qui le placeront sur le devant de la scène approchent, mais Andrew Scott prend tout cela très sereinement, enfin c’est l’avis de Caroline Bishop.

Ce n’est pas souvent qu’un acteur peut décrire le rôle qu’il joue comme étant “plus grand encore qu’Hamlet”. Mais c’est la taille du redoutable job pris par Andrew Scott, dont le retour au National Theater le voit jouer l’empereur romain du IVe siècle, Julien, dans la première mise en scène anglaise du chef-d’oeuvre épique d’Ibsen, Emperor And Galilean (ndlt : Titre français : Empereur et galiléen), partie de la saison du Travelex à £12.

“Jonathan [Kent, le metteur en scène] a dit qu’il n’était jamais tombé sur un plus grand rôle, qui ne lui ait donné envie de vomir.” nous avoue Scott avec un sourire. “Je pense que c’est parce que je n’ai pas trop eu le temps de me reposer, je suis souvent sur scène. Mais c’est le boulot.”

En réalité, Scott a eu tant de lignes à apprendre que jusqu’au matin de notre rencontre -six semaines de répétitions- son cerveau n’a pas été capable de retenir quelque chose d’autre. “En fait ce matin, j’ai écouté de la musique pour la première fois depuis deux mois, parce que je connais bien mes lignes maintenant, mais avant, je passais tout mon temps libre à apprendre mon rôle. Je n’étais pas capable de retenir la musique.”

Son rôle est si grand qu’il a dû répéter de neuf heures du matin à huit heures du soir ; il n’avait pas seulement besoin de s’entretenir physiquement et de bien dormir, mais aussi de mettre sa vie en attente jusqu’à ce que les répétitions soient finies. Cela ressemble plus à la routine d’un sportif se préparant à la compétition qu’à celle d’un acteur.

“C’est une chose absolument idiote à faire pour gagner sa vie”

Mais ce n’est pas tous les jours que vous vous retrouvez à la tête de 50 acteurs dans une production de grande envergure du National Theatre qui prévoit d’utiliser tout l’espace disponible sur la scène de l’Olivier (ndlt : L’Olivier Theatre est l’un des trois bâtiments qui composent le National Theatre, c’est le principal) et tout le micmac disponible. C’est le traitement qui est nécessaire pour monter une pièce d’Ibsen autrefois d’une durée de neuf heures avec 75 comédiens parlant, qui fut ‘condensée’ -si c’est le bon mot- en moins de 4 heures par le dramaturge Ben Power. “Je ne pense pas vraiment que ça pourrait aller dans aucun autre théâtre”, nous dit Scott.

C’est le rôle d’une vie pour le comédien irlandais de 34 ans et peut-être le signe avant-coureur d’un tournant dans sa carrière. Scott a fait partie de la scène londonienne pour plusieurs années maintenant, d'abord en attirant l'attention du monde du théâtr en gagnant un Oliver en 2005 pour A Girl In A Car With A Man au Royal Court. Il fit ses débuts au National Theatre en 2005 avec la pièce de Brian Friel, Aristocrats, est ensuite allé à Broadway pour l’avant première américaine de la pièce de David Hare, The Vertical Hour, en 2006, et l’année dernière, s’est fait ovationner pour ses performances dans Cock au Royal Court et Design For Living au Old Vic. Aujourd’hui, son plus grand rôle à venir sera dans un an quand son profil sera boosté par son apparition dans deux séries très attendues : en tant que Moriarty dans Sherlock et dans la nouvelle série britannique située dans les années 50, The Hour. “C’est une période agitée,” dit-il simplement. “J’ai été occupé.”

Scott ne semble pas être le type qui est accablé par son actuelle charge de travail. Quand je l’ai rencontré dans les coulisses du National Theatre, il était jovial et optimiste, un sourire accompagnant presque chacun de ses mots, prononcés avec les douces inflexions de son accent irlandais. Il a été dans le coin depuis assez longtemps pour garder les pieds sur terre, tandis que sa nature gaie signifiait qu’il n’était pas du genre à se prendre trop au sérieux. “Quand on fait ces grandes pièces ambitieuses, ce qui est génial,” dit-il, “c’est que vous vous amusez vraiment beaucoup. Vous finissez par ne plus arrêter de glousser ; enfin c’est mon cas. Je pense que les bulles d’imagination ont éclaté et vous pensez “C’est une chose absolument stupide à faire pour gagner sa vie”.”

Et bien, il a raison, ça l’est. Avec ses risquées proportions épiques et son standard olympique de lignes à apprendre, Emperor and Galilean semble plutôt absurde dans ses ambitions. Commençant en 351 av. J.C., la pièce raconte 12 ans de la vie de l’Empereur Julien, un philosophe et réformateur religieux dont le désir initial de liberté de foi est peu à peu devenue une mission antichrétienne pour faire retourner l’Empire romain à son paganisme. Le chemin qu’il a emprunté fut, selon certaines sources, une inspiration pour le Troisième Reich. “J’ai entendu dire que c’était la pièce favorite d’Hitler,” dit Scott. “Je peux parfaitement comprendre pourquoi il l’aurait [aimé]. C’est ce qui est fascinant pour moi parce que je joue un personnage qui veut faire le bien et qui finit par faire un grand nombre de choses terribles, terribles et tyranniques. Et cela m’a fait pensé à toutes ces personnes qui font des choses horribles. Vous n’entreprenez pas de partir sur une voie de “Je vais être l’incarnation du mal”.

Bien que située au quatrième siècle, Scott dit que la production évite “d'avoir trop de sandales” - “Je pense que si nous portons des toges et des jupes courtes, ça devient un peu Carry On Pompeii” (ndlt : Films humoristiques britanniques des années 70. Jeu de mots avec Carry On qui signifie à la fois Continuez, Pompeii et Faire des histoires (sens propre) de Pompeii) - pour insister sur la résonance indubitablement moderne qui arrive avec une pièce sur les conflits religieux. “Pour moi, il est très important qu'on puisse en tirer des parallèles avec le monde contemporain [ce qui aurait été moins évident si on portait des toges]. C’est une pièce plutôt dangereuse ; ce que font les gens avec leur foi et comment cela détruit des communautés. Comment cela détruit l’amitié et ce dont le pouvoir est capable.”

“J’ai entendu dire que c’était la pièce favorite d’Hitler”

En tant que Dublinois élevé catholique qui a eu “beaucoup de scepticisme à propos de l’organisation de la religion”, le thème de la pièce a inévitablement provoqué des réflexions à propos de l’histoire troublée de son pays. “Je crois vraiment dans le pardon et tout ce genre de choses. Je pense que c’est la raison pour laquelle tous les Irlandais - et je pense un grand nombre d’anglais également - furent très émus par la récente visite d’Etat de la Reine. J’ai pensé que c’était vraiment extraordinaire et très important. Je suppose parce que j’aime Londres et que j’aime également Dublin, j’étais plutôt stupéfait par la façon dont je fus affecté par cela et combien important j’ai pensé qu’il y ait ce sens du pardon, des deux côtés.

C’est en quelque sorte inhabituel de trouver Scott dans la pièce de 1896 d’Ibsen ; la masse principale du travail de l’acteur est venue de nouvelles pièces, comme la pièce individuelle, Sea Wall, écrite spécialement pour lui par le dramaturge Simon Stephens - “quand je pense à ceci, c’est vraiment l’opposé de cette pièce-là” - le Cock de Mike Bartlett au Royal Court, à propos duquel Evening Standard a écrit : “C’est Andrew Scott qui impressionne le plus … Il combine méchanceté blasphématoire à une vulnérabilité infortuné”.

Toutefois, la nouvelle adaptation de Power - à propos de laquelle les lecteurs craignant la longue durée seront soulagés d’entendre “qu’elle va comme propulsée par un moteur” - couplée avec le fait que la pièce d’Ibsen n’a jamais été adaptée en langue anglaise, amène Scott à dire “Je sens en quelque sorte que je me suis embarqué dans une nouvelle pièce alors qu’elle est vieille. J’adore travailler sur de nouvelles pièces. J’ai pas mal travaillé au [Royal] Court et j’adore le sentiment de travailler sur une nouvelle pièce. Et le fait que personne n’ait vu cette pièce à Londres est vraiment excitant.”

Si ça satisfait ses ambitions, Emperor et Galilean peut ancrer fermement le nom de Scott dans le monde du théâtre tout comme son prochain rôle dans Sherlock le hissera dans celui de la télévision. En fait, son programme herculéen ne montre pas de signe de faiblesse ; il a commencé à filmer la seconde saison de la multi-récompensée série de Mark Gatiss et Steven Moffat le lendemain de sa conférence nocturne de presse au National.

Scott apparait en tant que Moriarty, la pernicieuse nemesis de Sherlock dans le final des trois premiers épisodes de l’année dernière et va apprécier une présence plus importante cette saison. J’ai donc plongé directement dedans, allez-vous tuer Sherlock aux chutes du Reichenbach ? “Je ne peux pas [vous le dire] !” rit-il, répondant évasivement à ma question. “Quelqu’un va venir et me tirer dans la tête !”

“Je pense que si nous portons des toges et des jupes courtes, ça devient un peu Carry On Pompeii”

Pas de problème. Mais à peu près, sept millions de fans de Sherlock attendent impatiemment d’en apprendre plus. Scott n’est pas habitué à être dans un programme qui a un intérêt si populaire. “Je n’ai jamais vraiment éprouvé cela. Des gens ont aimé les pièces et les choses dans lesquelles j’ai été mais je suppose que ce soit une chose complètement différente lorsque vous réalisez que les gens ont une affection sincère pour une série [télévisée].”

Alors que Sherlock va sans aucun doute le mettre sur le devant de la scène, Scott ne pense pas que son rôle dans un grand succès télévisuel -ou dans une série qui même avant sa diffusion bénéficiait d’un grand battage médiatique comme The Hour- lui apporte un plus grand succès que ses, moins en vue, mais tout aussi accomplis, rôles sur scène qu’il a eus jusque là. En fait, être à l’écran ne fut jamais son but ; il en est arrivé à jouer pour jouer sur scène, un désir qui lui est venu vers l’âge de neuf, dix ans.

Après avoir abandonné une licence en théâtre, il commença sa carrière sur scène à l’Abbey theatre de Dublin, et c’est à ce moment-là qu’il eut les bases qui lui permirent plus facilement de construire une carrière durable basée sur le type de travail qu’il aimait. “Je pense que vous devez vous poser la question ‘qu’est-ce qui a de la valeur pour moi ?’” dit-il de son succès mesuré, “et ce qui avait de la valeur pour moi jusque là avait été d’apprendre à jouer. Je fus très chanceux de travailler avec des personnes vraiment très brillantes très tôt, de très bons écrivains et de très bons metteurs en scène, et c’est addictif. Puis tu apprends à mieux reconnaître les bons scénarii. Cela signifie que tu n’as pas de renom, même si je devais me tenir à mon choix, une fois fait, pendant un million d'années, je choisirais toujours ce que j'ai choisi parce que ça m’a demandé beaucoup de temps. Alors, quand ta renommée augmente un petit peu, tu as vraiment un sens de toi-même et de ce à quoi tu es bon, et tu peux, en fait, être plus courageux. À cette époque, je n'ai pas accordé beaucoup d'importance à la façon dont on allait percevoir Moriarty, ni au fait qu'il soit un personnage connu, alors que si j'avais eu 23 ans, j'aurais peut-être fait “Oh mon Dieu, quelle pression”.”

C’est pourquoi il ne voit pas l’excès de travail comme un tournant dans sa carrière. “J’ai été en quelque sorte plutôt chanceux dans le sens où je n’ai jamais eu l’impression de rater si vous voyez ce que je veux dire.”

Néanmoins, il ne nie pas qu”être dans une série télévisée à succès, ou gagner un Olivier Award, comme celui qu’il a reçu en 2005, n’ouvre pas de nouveaux horizons. “Dans ce métier, il est très important d’avoir des contacts. Je pense que ce que la plupart des acteurs veut est une opportunité. La plupart des acteurs ne se soucie pas de ne pas avoir un rôle mais ils se soucient de ne pas avoir d’auditions. Je pense que ce sont les choses comme être dans une série télévisée que les gens regardent, ou gagner un prix ou avoir une bonne critique, qui vont encourager les personnes qui emploient les acteurs à se dire “Okay, donnons-lui une chance”.”

Scott, il est clair, a pas mal de contacts dans ses manches en ce moment, ce qui veut dire qu’avec un peu de chance, nous le verrons possiblement beaucoup plus à l’avenir, sur le petit écran et sur les planches. Enfin, si Emperor and Galilean ne lui draine pas toutes ses forces. Il sourit. “Je vais absolument prendre des vacances après ça.”

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