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L'interprète grec
15 août 2012

Sherlock Holmes : le travail secondaire espiègle de Doyle

Auteur : Kendall Wild
Date : 1 août 2012
Source : Rutland Herald

 

Sir Arthur Conan Doyle ne considérait jamais ses nouvelles à propos de Sherlock Holmes comme des oeuvres sérieuses. Il les a commencées comme une sorte d'activité secondaire, à côté de la fiction historique qui l'intéressait, et au début, il n'était pas préparé à l'attention qui se répandait fidèlement sur le détective et ses aventures. Après, il commençait à s'énerver quand il était connu pour avoir écrit les nouvelles sur Holmes, alors que ses romans historiques, tels que The White Company [La compagnie blanche], qui se déroulait pendant la Guerre de Cent Ans, étaient traités d'histoires pour enfants, plutôt qu'élucidation historique pour adultes. Il n'aurait pas dû se fâcher autant. The White Company a eu 50 éditions au cours de sa vie, et ça indique sans doute la popularité, quelle que soit la catégorie dans laquelle il se trouve.

Quand il s'est enfin rendu compte de l'impact des nouvelles policières, Doyle l'a accepté parce que ça lui remportait évidemment beaucoup d'argent, mais il n'a jamais perdu l'impulsion de les traiter avec une sorte d'humour espiègle. Par exemple, il émaillait les histoires de références à d'autres épisodes qui ne sont jamais décrits en détail. Tantôt, le Docteur Watson y fait allusion, quand il commence à raconter un certain incident. Tantôt, Holmes lui-même y fait référence, d'une manière désinvolte, quand il parle d'une certaine caractéristique humaine.

Cette qualité se manifeste même dans la première des nombreuses nouvelles sur Holmes, Un scandale à Bohême. Le mariage de Watson l'avait éloigné de Baker St, mais : « De temps en temps, j'entendais une rumeur vague à propos de ses exploits - de son assignation à venir à Odessa, dans le cas du meurtre de Trepoff ; de sa résolution de la tragédie unique des frères Atkinson à Trincomalee ; et enfin, de la mission qu'il a si bien accomplie, avec tant de diligence, pour la famille souveraine du Pays Bas. »

Au début d'une aventure qui eut lieu plus tard, le Dr. Watson écrit au sujet d'une période de douze mois ; « Je trouve un compte rendu de l'aventure de la Chambre Paradol (1), de la Société des Mendiants Amateurs qui avait un club luxueux dans la voûte inférieure d'un entrepôt de meubles, des faits liés à la perte de la barque britannique Sophy Anderson, des curieuses adventures des Grice Paterson sur l'île d'Uffa, et enfin de l'affaire de l'empoissonnement de Camberwell. Au cours du dernier, comme il se peut qu'on se souvienne, Sherlock Holmes a pu, en remontant la montre du défunt, prouver qu'on l'avait remontée deux heures plus tôt, et que le défunt s'était donc couché vers cette heure, une déduction de grande importance dans la résolution de l'affaire. »

Rien de plus au sujet de ces incidents fascinants. Puis il y en a un autre, où Holmes discute l'importance de prêter attention aux petits détails : « Vous vous rappellerez, Watson, que c'était la profondeur à laquelle le persil s'était enfoncé dans le beurre, un jour où il faisait chaud, qui a attiré mon attention sur l'affreuse affaire de la famille Abernetty. »

Ailleurs, Holmes examine ses comptes rendus d'affaires passées : « Voici le rapport sur les meurtres à Tarleton, et l'affaire de Vanberry, le viticulteur, et l'aventure de la vieille femme russe, et la curieuse affaire de la béquille en aluminium, ainsi qu'un compte rendu entier sur Ricoletti, le pied-bot, et sa femme abominable. »

Près du début du Chien des Baskerville, Holmes fait remarquer qu'il avait lu à propos de la mort mystérieuse à l'ouest de l'Angleterre, « mais j'étais très préoccupé par cette petite affaire des camées du Vatican(2), et dans mon hâte de rendre service au Pape, je n'étais plus au courant de plusieurs affaires intéressantes qui avaient lieu en Angleterre. »

Puis une référence à un incident qui serait vraiment intéressant, si seulement on voulait l'expliquer avec plus de détails : « L'enquête choquante sur le bateau à vapeur hollandais, le Friesland, où nous avons tous les deux à peine échappé à la mort. »

Dans un aparté, Watson dit que Holmes est plongé dans l'étude d'un musicien anglais du XVIIème siècle, et une autre aventure commence au sein d'une ville universitaire anglaise, sans nom, où Holmes « poursuit des recherches laborieuses sur des vieilles chartes de l'Angleterre - des recherches qui ont mené à des résultats tellement frappants qu'ils seront peut-être le sujet de l'une de mes narrations à venir. » Hélas, les historiens ne pourront jamais profiter de ces recherches-là.

Parmi d'autres allusions à des enquêtes jamais élaborées, il y a celles de Wilson, le dresseur de canaris notoire, l'histoire répugnante de la sangsue rouge, et l'histoire du rat gênât de Sumatra « à laquelle le monde n'est pas encore préparé. »

Dans une histoire, il y a une référence à la « Deuxième Tache », et d'après ma connaissance, c'est la seule allusion qui devienne plus tard le sujet de sa propre nouvelle. Il se peut qu'il y en ait une autre, concernant un dictateur latino, mais du dernier, je ne suis pas tout à fait certain. Conan Doyle a pourtant écrit que Holmes a rejeté un titre de chevalier, mais ce sont les références capricieuses aux enquêtes qui ne sont jamais élaborées qui ajoute un peu plus d'épice aux contes que Sir Arthur n'aimait jamais considérer comme son oeuvre principale.

 

Notes

(1) The Paradol Chamber. Le sujet de nombreuses parodies, et un épisode radio avec Basil Rathbone et Nigel Bruce, qui jouaient les rôles de Holmes et Watson dans les films Hollywood des années 1940.

(2) les camées du Vatican : C'est-à-dire, les pierres précieuses. En anglais, 'Vatican cameos'. Dans le premier épisode de la deuxième saison de Sherlock, Sherlock utilise la phrase 'Vatican cameos' comme une sorte de code pour signaler que John doit se baisser vivement.

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